Endométriose et troubles digestifs : comprendre les liens et l’intérêt d’une approche fonctionnelle
- Laura de la Roche
- 24 juil.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 1 nov.

L’endométriose est une pathologie inflammatoire chronique qui touche près d’1 femme sur 10 en âge de procréer. Si les douleurs pelviennes, les troubles menstruels ou l’infertilité sont souvent au premier plan, les troubles digestifs vont souvent de pairs avec le déséquilibre hormonal et représentent un motif de consultation fréquent.
Mais quels sont les liens entre endométriose et troubles digestifs ? Et que peut apporter une approche micro-nutritionnelle et fonctionnelle dans la prise en charge de ces symptômes ?
1. Pourquoi l’endométriose impacte-t-elle la sphère digestive ?
Les troubles digestifs sont très fréquents chez les femmes atteintes d’endométriose : ballonnements, douleurs abdominales, digestion lente, alternance diarrhée/constipation, parfois nausées ou reflux. Ces symptômes peuvent être constants ou cycliques, en particulier autour des règles.
Les mécanismes en cause sont multiples :
・ L’inflammation chronique. L’endométriose est une maladie inflammatoire systémique. Cette inflammation permanente perturbe les tissus environnants, y compris la muqueuse intestinale. Une inflammation de bas grade peut favoriser une perméabilité intestinale accrue (« leaky gut »), ce qui expose l’organisme à des molécules pro-inflammatoires, sensibilise le système immunitaire et entretient les douleurs digestives.
・ Un microbiote intestinal déséquilibré. Une dysbiose est généralement présente chez de nombreuses patientes, avec notamment une diminution nette des bactéries bénéfiques comme les lactobacilles et une hausse des bactéries pathogènes. Gardnerella, Escherishia, Shigella et Ureaplasma peuvent ainsi proliférer et produire des métabolites qui sont pro-inflammatoires. Ce déséquilibre aggrave l’inflammation, favorise l'hyper-oestrogénie, et influence le transit.
・ Les lésions digestives profondes. Lorsque les implants endométriosiques colonisent le rectum, le sigmoïde, voire l’intestin grêle, les douleurs digestives peuvent être très marquées, notamment pendant les règles. On parle alors d’endométriose digestive. Elle peut simuler un syndrome de l’intestin irritable ou une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI).
・ Des troubles digestifs préexistants ou associés. Le syndrome de l’intestin irritable (SII) est fréquemment associé à l’endométriose, partageant certains mécanismes (inflammation, hypersensibilité viscérale, altération du microbiote, stress chronique). Distinguer les deux peut être difficile, surtout en l’absence de lésions digestives visibles.
・Des déficits nutritionnels. Lorsque l'alimentation ne permet pas de parfaitement couvrir les besoins micronutritionnels, certaines carences (notamment en vitamine D, mais aussi vitamines B6, B9, B12 et choline) peuvent faire progresser et entretenir la maladie en ne permettant pas une bonne fonction de méthylation indispensable à la métabolisation et élimination des oestrogènes. En cascade, cela conduit à un stress oxydatif accru par insuffisance de production du glutathion, un puissant anti-oxydant.
2. Quels axes de prise en charge fonctionnelle et micro-nutritionnelle ?
Face à cette complexité, l’approche nutritionnelle fonctionnelle permet une prise en charge globale, individualisée, et respectueuse des mécanismes impliqués. Elle cherche à identifier et corriger les déséquilibres sous-jacents.
Voici les axes de travail les plus fréquents :
➯ Réduction de l’inflammation de bas grade. Grâce à une alimentation anti-inflammatoire (oméga-3, polyphénols, antioxydants…) qui est avant tout une alimentation équilibrée ! On sera sur ce point particulièrement attentif à la charge glycémique (réduction de la glycation pour diminuer le stress oxydatif) et au profil en acides gras.
➯ Rééquilibrage du microbiote intestinal. Une analyse des symptômes, voire certaines analyses biologiques fonctionnelles, permettent de cibler un éventuel déséquilibre. On travaillera ensuite l'alimentation afin d'apporter des fibres prébiotiques permattant notamment de nourrir les bactéries bénéfiques. La mise en place d’une stratégie de supplémentation incluant de la phytothérapie ou des phytonutriments bien choisis pourra également être bénéfique.
➯ Soutien de la barrière intestinale. En cas de troubles digestifs chroniques, il est fréquent de constater une hyperperméabilité intestinale. Il faudra donc travailler sur tous les éléments structurels pour restaurer l'intégrité de la barrière intestinale (mucus et muqueuse). Le rééquilibrage alimentaire permettra de mettre en place une alimentation apportant tous les micro-nutriments nécessaires. Puis les analyses biologiques permettront d'objectiver des déficits nutritionnels à corriger, pour lesquelles une supplémentation pourra être mis en place.
Des nutriments comme la glutamine, le zinc, la vitamine A ou certaines fibres solubles peuvent être utiles… mais doivent être choisis avec précaution (par exemple, la glutamine n’est pas toujours adaptée en cas de constipation - voir l'article de blog).
➯ Gestion de l’hyperestrogénie fonctionnelle. Le foie et l’intestin jouent un rôle clé dans l’élimination des œstrogènes. Un transit ralenti, une flore déséquilibrée, une surcharge hépatique ou une anomalie de synthèse ou d'excrétion des acides biliaires peuvent perturber ce processus. La prise en charge fonctionnelle tient compte de ces paramètres pour optimiser la détoxication hormonale.
➯ Personnalisation alimentaire. Certaines femmes constatent une amélioration de leurs douleurs digestives et pelviennes avec des régimes d’éviction ciblés (gluten, produits laitiers, FODMAPs…) mais ces stratégies doivent toujours être personnalisées, temporaires et encadrées, pour éviter les carences et favoriser la réintroduction.
➯ Travail sur les facteurs environnementaux. Une réduction de l'exposition aux perturbateurs endocriniens et l'optimisation des habitudes alimentaires (produits consommés mais également modes de cuisson, ustensiles utilisés, etc.) sont clé pour réduire les symptômes invalidants à long terme.
Conclusion
Les troubles digestifs ne doivent pas être minimisés dans l’endométriose : ils font souvent partie intégrante du tableau clinique. En complément du suivi médical, une prise en charge micro-nutritionnelle et fonctionnelle peut aider à réduire l’inconfort digestif, calmer l’inflammation et améliorer la qualité de vie au quotidien.
Toutefois, il n’y a pas de solution universelle : chaque patiente est unique. C’est pourquoi une approche individualisée, tenant compte à la fois des symptômes digestifs, du cycle hormonal, de l’état du microbiote et du mode de vie, est essentielle pour accompagner les femmes atteintes d’endométriose de manière efficace et durable.
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