Le rôle du microbiote intestinal dans la santé hormonale
- Laura de la Roche
- il y a 1 jour
- 4 min de lecture

Toute maladie commence dans l'intestin, disait Hippocrate. Force est de constater que les dernières études scientifiques ne font que confirmer le rôle clé du microbiote, ce qu'on appelait autrefois la flore intestinale, dans nombre de pathologies chroniques. Et quand on parle d’équilibre hormonal – fertilité, cycle menstruel, thyroïde, métabolisme, inflammation – le microbiote intestinal joue un rôle bien plus déterminant qu’on ne l’imagine.
Cet article vise à vulgariser comment cet écosystème microbien dialogue avec nos hormones, et surtout quelles pistes peuvent être explorées en nutrition fonctionnelle / micronutrition pour le soutenir.
Pourquoi l’intestin influence-t-il nos hormones ?
Le microbiote intestinal n’est pas seulement un outil de digestion : c’est un organe à part entière, capable de produire, réguler ou transformer des molécules essentielles. Parmi celles-ci on trouve certaines hormones ou précurseurs hormonaux.
Trois axes sont particulièrement impliqués :
1) L’inflammation systémique
Un microbiote fragilisé peut favoriser une perméabilité intestinale accrue, laissant passer des molécules inflammatoires.
Or l’inflammation est l’un des premiers perturbateurs hormonaux :
résistance à l’insuline,
perturbation de l’ovulation,
SPM accentué,
accentuation des troubles thyroïdiens,
2) Le métabolisme des œstrogènes : l’« oestrobolome »
Certaines bactéries intestinales produisent une enzyme appelée β-glucuronidase.
Quand elle est déséquilibrée (trop élevée ou trop faible), cela impacte la recirculation des œstrogènes.
➡ Trop d’activité = excès circulant → SPM, douleurs, règles abondantes, sensibilité des seins, endométriose, fibromes…
➡ Trop peu = déficit relatif → sécheresse, fatigue, baisse de libido, cycles irréguliers.
3) L’axe intestin–foie
Le microbiote les transforme.
Les deux travaillent ensemble : si l’un est dépassé, l’autre trinque.
C’est notamment le cas en présence :
d’un mode de vie très stressant,
d’un manque de fibres,
d’une alimentation ultra-transformée,
d’un transit ralenti,
d’un microbiote pauvre ou lors d'une dysbiose (déséquilibre quantitatif et/ou qualitatif du microbiote intestinal).
Microbiote et troubles hormonaux : que dit la science ?
Les données évoluent vite et on en est seulement au début de nos découvertes. Ce que l’on sait aujourd’hui :
SOPK
Un microbiote moins diversifié est associé à :
une résistance à l’insuline plus marquée,
une inflammation chronique,
parfois un excès de β-glucuronidase.
Endométriose
On observe souvent :
une perméabilité intestinale accrue,
une activation immunitaire,
une flore moins stable.
Cela peut amplifier la douleur via l’axe intestin–cerveau.
Thyroïde
Le microbiote influence :
l’absorption de l’iode et du sélénium
la conversion T4 → T3,
le niveau d’inflammation systémique.
Un intestin irrité = une conversion moins efficace (et un risque augmenté de développer un jour une auto-immunité telle que la thyroïdite d'Hashimoto).
Péri-ménopause
Le microbiote aide à moduler la répartition des œstrogènes et leur recyclage. Plus il est diversifié, plus l’adaptation hormonale est fluide.
Comment savoir si son microbiote impacte ses hormones ?
Quelques signaux d’alerte fréquents :
ballonnements, digestion lente, inconfort récurrent
alternance diarrhées/constipation
intolérances alimentaires non expliquées
SPM marqué, cycles instables
fatigue persistante
sensibilité accrue aux variations hormonales
peau réactive, rosacée, eczéma
prise de poids malgré les efforts
Attention à ne pas conclure trop vite, pris individuellement, ces signes ne signifient rien de certain. Ensemble, ils orientent vers une piste intestinale à explorer.
Que faire pour soutenir cet axe intestin–hormones ?
1) Un apport suffisant en fibres
Les fibres notamment solubles agissent comme prébiotiques et nourrissent les bactéries bénéfiques et favorisent ainsi l’élimination des œstrogènes.
L’objectif : viser progressivement 30 g/j.
2) Varier les végétaux
Chaque aliment nourrit une famille bactérienne différente ! Il faudra donc avoir une alimentation variée et diversifiée. En matière d'aliments d'origine végétale, on entend souvent l'objectif de 50 végétaux différents par semaine. Cela peut sembler élevé, mais on y arrive vite si l'on inclut tous les aliments suivants :
légumes variés
herbes aromatiques & épices
fruits frais et séchés
légumineuses (haricots rouges, blancs, flageolets, lentilles, pois chiche, etc.)
fruits et graines oléagineux (amandes, noix, noisettes, graines de lin, courge, tournesol, etc.)
3) Soutenir le foie
Principalement, via les mesures suivantes (et consulter l'article dédié ici) :
légumes crucifères (brocoli, choux) & aliments amers (roquette, pissenlit, etc.)
apports suffisants en oméga-3
apports suffisants en protéines
réduction de l’alcool
4) Améliorer le transit
La constipation est l'ennemie ! Un transit ralenti entretient l’excès d’œstrogènes recyclés.
Objectif : 1 selle formée/jour.
Comment ? En commençant par les 3 fondamentaux :
Suffisamment de fibres tous les jours (objectif 30g / jour)
Hydratation suffisante (objectif 2l / jour)
Suffisamment de mouvement : la sédentarité est l'ennemie en la matière en limitant la motilité intestinale.
5) Gérer la charge inflammatoire
Sommeil, stress, activité physique… Les piliers restent simples mais essentiels.
6) Une supplémentation ciblée (si besoin)
Si besoin, une supplémentation ciblée pourra être ajoutée. Attention, comme toujours pas de supplémentation à l'aveugle, les interactions sont nombreuses et un même élément agit sur plusieurs sphères dans l'organisme. Ainsi un actif qui pourrait être intéressant pour votre microbiote, aura peut-être un effet négatif sur votre thyroïde dans votre cas... Consultez un professionnel de santé formé :)
Au cas par cas donc, on pourra considérer :
prébiotiques ou probiotiques adaptés,
polyphénols : curcumine, quercétine, resvératrol, EGCG...
Phytothérapie à visée hépatobiliaire notamment,
Etc.
C’est là que l’approche fonctionnelle prend tout son sens : éviter les « kits hormones » génériques et intervenir de manière précise.
Mon approche au cabinet
Dans le cadre des troubles hormonaux (SOPK, endométriose, SPM, difficultés de conception, symptômes thyroïdiens…), l’analyse du terrain digestif fait partie intégrante des bilans.
Selon les besoins, cela peut inclure :
un point précis sur l’hygiène digestive,
une enquête alimentaire avancée,
l’identification des facteurs inflammatoires ou nutritionnels perturbateurs,
la mise en place d’un protocole sur-mesure (nutrition, micronutrition, hygiène de vie).
L’objectif n’est pas de « réparer » un microbiote en soi, mais de restaurer l’écosystème qui permettra aux hormones d’être mieux régulées, naturellement et durablement.
Laura de la Roche, Diététicienne - Nutritionniste à Aix-en-Provence
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