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Endométriose et produits laitiers : faut-il les bannir ?

  • Photo du rédacteur: Laura de la Roche
    Laura de la Roche
  • 24 nov.
  • 5 min de lecture
Endométriose et produits laitiers : faut-il les bannir ?
Endométriose et produits laitiers : faut-il les bannir ?

Lorsqu’on vit avec de l’endométriose, on entend souvent qu’il faudrait supprimer les produits laitiers pour réduire l’inflammation. Or, comme toujours en nutrition où rien n’est jamais blanc ou noir, le sujet mérite de la nuance.


Les produits laitiers ne se résument pas au lactose : ils contiennent une grande variété de composés bioactifs, potentiellement intéressants pour la santé métabolique ou immunitaire. À l’inverse, certains profils les tolèrent mal. S'y ajoutent les précautions en santé environnementale, clés dans une prise en charge durable de l’endométriose.


Alors, faut-il les conserver, les réduire, les éviter ?


Attention, il ne sera question ici que de points basés sur les études en terme de bénéfices /risques pour la santé en cas de consommation et je n’aborde volontairement pas la question de l’impact environnemental de leur consommation.


Voici un point détaillé pour nuancer et aider chacun à faire ses choix.

 

1. Produits laitiers : du calcium mais pas que

 

On associe souvent les produits laitiers au calcium et il est vrai que ce sont des aliments contributeurs intéressants.

A vrai dire, il est même difficile de faire mieux que les produits laitiers — notamment le fromage, qui reste l’une des sources les plus pratiques, stables et bien absorbées.

En effet, le calcium laitier bénéficie d’une excellente biodisponibilité : environ 30 à 40% pour les formes fermentées si tant est que l'acidité gastrique est optimale.


Dans le monde végétal, bien que présent, le calcium est souvent moins absorbé, car lié à des oxalates ou phytates. A titre d'exemple, l'épinard qui apporte pourtant une bonne quantité de calcium par portion (env. 200mg soit plus qu'un yaourt !), verra sa biodisponibilité réduite à 5,1%.

La seule famille végétale qui rivalise en biodisponibilité avec les produits laitiers (voire la surpasse) est celle des crucifères (brocoli, bok choy, kale). On ne pourra néanmoins pas en recommander de grandes quantités tous les jours en raison de leur potentiel goitrigène.


Cela ne signifie pas qu’il “faut” manger du fromage, mais lorsque les produits laitiers sont bien tolérés, ils constituent un moyen efficace pour couvrir les besoins en calcium.

  

Toutefois, leur intérêt – si l’on souhaite en consommer – ne s’arrête pas au calcium. Ils contiennent également d’autres composés bioactifs aux effets potentiellement intéressants dans un contexte d’inflammation chronique.


On retrouvera :


・Des lipides bioactifs : Le lait renferme des centaines d’acides gras, dont certains modulent l’inflammation, la sensibilité à l’insuline ou le fonctionnement des récepteurs métaboliques (PPAR).

 

・Des peptides issus de la fermentation : dans les yaourts et surtout les fromages affinés, la fermentation libère des peptides ayant des effets anti-inflammatoires, vasodilatateurs et immunomodulateurs.

 

・Des protéines protectrices : La lactoferrine et la L-carnitine, présentes dans les produits laitiers, jouent un rôle dans l’immunité, l’inflammation et le fonctionnement mitochondrial.

 

 

2. Les risques possibles

 

Certains types d’intolérances ou de sensibilités peuvent rendre les produits laitiers moins adaptés, en particulier pour les patientes souffrant d’endométriose.

 

Intolérance au lactose : un déficit en lactase entraîne ballonnements, diarrhées, douleurs.

Dans l’endométriose, l’inflammation digestive peut accentuer la sensibilité au lactose.

 

Sensibilité à la caséine : indépendamment du lactose, la caséine peut déclencher une réponse inflammatoire ou accentuer une perméabilité intestinale préexistante.

 

Hyperperméabilité intestinale et dysbiose : perte de tolérance fréquente. Les hypersensibilités digestives souvent associées à une hyperperméabilité intestinale, très fréquente dans l’endométriose, ce qui réduit souvent la tolérance alimentaire globale.


Même un aliment auparavant bien supporté peut devenir difficile à digérer lorsque la muqueuse est irritée ou que le microbiote est déséquilibré.

 

Histamine : certains produits fermentés (fromages affinés, yaourts) sont riches en amines biogènes comme l’histamine. Chez les personnes ayant une intolérance à l’histamine ou un seuil de tolérance bas (fréquemment retrouvés dans le syndrome de l’intestin irritable) peuvent apparaitre migraines, rougeurs, troubles de la sphère ORL ou troubles digestifs.


Toutefois, ce ne sera pas à mon sens une bonne raison de les éviter, car en cas de sensibilité à l’histamine, mieux vaut travailler le terrain et la cause plutôt que d’éviter tout aliment riche en histamine ou histamino-libérateur. C’est un autre sujet dont nous reparlerons.

 

Et surtout, il y aura de vraies précautions à prendre en terme de santé environnementale, valables pour tous indépendamment de la tolérance digestive.


Les produits latiers contiennent des polluants organiques persistants (POPs), autrement appelés les "polluants éternels" car ils ont une durée de vie longue qui persiste des décennies après l'arrêt de leur émission. Ils proviennent de l'industrie et sont toxiques pour l'environnement. Même si les produits laitiers ne sont pas forcément considérés comme très contaminés, rapporté aux proportions consommées, il faudra s'en préoccuper.


Les POPs sont liposolubles : plus un produit laitier est gras, plus il risque d’en contenir.

Ces molécules peuvent agir comme perturbateurs endocriniens — un enjeu majeur dans l’endométriose.

 

3. Produits laitiers et endométriose : que dit la science ?

 

・ Actuellement, il n'y a aucune preuve solide qui montre que les produits laitiers provoquent ou aggravent systématiquement l’endométriose ;


・ Certaines personnes les tolèrent très bien, d’autres beaucoup moins ;

 

・ Certains produits laitiers, en particulier ceux de bonne qualité, peuvent même apporter des composés protecteurs.

 

Le sujet n’est donc pas binaire. La question essentielle est plutôt : quels produits laitiers et comment les consommer ?

 


4. Comment consommer des produits laitiers quand on a de l’endométriose ?

 

La qualité avant tout

 

C’est probablement le critère le plus important. Il existe une vraie différence entre un fromage industriel issu d’élevages intensifs et un produit provenant d'un petit producteur passionné avec des animaux qui pâturent, mangent de l’herbe et sont élevés dans de bonnes conditions.

 

Pourquoi c’est crucial ? Le profil en acides gras est nettement meilleur quand les animaux pâturent, les produits sont souvent plus riches en composés anti-inflammatoires naturels et la qualité du lait influe directement sur la qualité des peptides issus de la fermentation.

 

Lorsqu'on choisit de consommer des produits laitiers, la qualité d’élevage et de fabrication est un critère à prendre en compte de façon prioritaire.


 

Respecter les fréquences de consommation : 2 portions/jour… avec une précision importante

 

Les recommandations raisonnables tournent autour de 2 portions de produits laitiers par jour.


Si l'on raissonne d'un point de vue nutritionnel, on ne compte dans ces portions que le lait, le fromage et les yaourts.


Or si l'on y ajoute la santé environnementale il faudra également prendre en compte le beurre et la crème. Même si, nutritionnellement, ce sont des matières grasses, du point de vue santé environnementale, ils sont comptés dans les produits dérivés du lait car ils concentrent fortement les POPs.

Néanmoins, il est généralement conseillé de suivre une alimentation anti-inflammatoire (voir ici) lorsque l'on est atteinte d'endométriose. Inspirée du régime méditerranéen, celle-ci fait la part belle à l'huile d'olive et la consommation de beurre ou de crème devrait être fortement limitée..


 

Tenir compte de la tolérance individuelle

 

Chaque patiente a un profil différent.

Si les produits laitiers sont mal tolérés mais que l'on souhaite les consommer, on veillera à trouver la dose maximale tolérée et éventuellement à prendre de la lactase dans le cadre d'un déficit enzymatique avéré. Le travail de fond à effectuer sur le terrain digestif (voir ici pour comprendre les liens entre endométriose et troubles digestifs) permettra selon les causes de retrouver de la tolérance.

En effet, comme expliqué ci-dessus, la perte de tolérance n’est pas “une allergie” : c’est une réponse transitoire d’un intestin sur-sollicité.

 

  

Conclusion

 

Non, il n’est pas nécessaire de bannir systématiquement les produits laitiers en cas d’endométriose.

Oui, ils peuvent faire partie d’une alimentation équilibrée si la qualité, les fréquences et la tolérance sont respectées.

Et oui, ils peuvent aussi être réduits ou temporairement supprimés en cas d’intolérance, de dysbiose ou de symptômes digestifs.

 

Comme souvent, l’enjeu n’est pas d’être “pro” ou “anti” produits laitiers, mais de trouver ce qui fonctionne pour chacun.


Laura de la Roche, Diététicienne - Micronutritionniste à Aix-en-Provence

 
 
 

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Laura de la Roche

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